Comment nourrir l’humanité demain ?
Comment lutter contre le gaspillage des ressources naturelles ?
Intervenant : Robert Lévesque
Directeur du département d’études de Terres d’Europe – Scafr (Société de conseil pour l’aménagement foncier rural)
Auteur de Terre nourricière – Si elle venait à nous manquer, Halte au pillage des biens communs (L’Harmattan 2011)
Selon les observateurs, plus de 800 millions d’êtres humains ne mangent pas à leur faim. Aux crises écologiques, économiques, financières, sociales, climatiques s’ajoute une crise alimentaire tout aussi profonde mais mal perçue dans nos pays bien nourris. Comment alors alimentera-t-on l’humanité lorsque celle-ci sera passée, comme le supposent les démographes, de 7 à 10 milliards d’individus en 2050 ? Ce défi est l’un des plus difficiles que notre génération et les futures auront à relever. Car l’alimentation humaine n’est pas qu’un problème de technique agronomique que des spécialistes auraient à résoudre. Terriblement complexe il met en jeu les changements climatiques, les choix énergétiques, les habitudes alimentaires, l’urbanisation, l’organisation des transports, des marchés et de la spéculation.
Dans son livre « Terre nourricière. Si elle venait à nous manquer », Robert Levesque, spécialiste des questions foncières, tente d’éclairer ce débat. Son idée maîtresse est que les terres arables sont un patrimoine collectif et à ce titre doivent être protégées, soustraites à la spéculation, accessibles à une agriculture durable et gérées par une autorité mondiale.
En effet si le nombre de bouches à nourrir augmente de manière vertigineuse et exige en outre une alimentation plus riche et plus diversifiée, les terres arables, elles, ont tendance à diminuer par désertification, érosion ou urbanisation.
L’auteur propose enfin d’investir dans l’agriculture plutôt que dans l’industrialisation qui mobilise tous les capitaux, mais aussi de modifier notre menu en pourchassant les pertes et gaspillages, en facilitant la circulation des denrées et en poussant la recherche agronomique pour améliorer les rendements sans abîmer l’écosystème.
Pour résoudre le problème de l’alimentation mondiale, l’homme doit donc modifier extrêmement rapidement ses modes de consommation et de production en mettant fin au pillage des biens communs de l’humanité : le climat, la terre nourricière, les éléments minéraux non substituables, comme les phosphates et la potasse. Le danger le plus immédiat se nomme néanmoins dérèglement climatique.